Retraite : du rapport de force et de ce que l’on en fait.

Publié le par Collectif PCF RATP Bus

Retraite : du rapport de force et de ce que l’on en fait.

 

Le point de vue de Stéphane Auriol, militant syndical CGT à la RATP, membre du Collectif PCF RATP

 

 

Comme beaucoup de salariés et de syndiqués de la RATP, je reste marqué par l’expérience de la bataille de l’automne 2007 pour défendre nos régimes dits « spéciaux » de retraite. Le souvenir de la bataille contre la loi Fillon en 2003 continue de peser aussi. Je regarde notre lutte actuelle avec ces lunettes. 

Le 7 septembre 2010, presque 3 millions de salariés, de retraités et de jeunes sont descendus dans la rue. C’est plus qu’en 1995. C’est une force considérable. Sans ambiguïté, ils ont exprimé leur opposition au projet de loi Woerth, leur volonté de maintenir la retraite à 60 ans et de défendre notre système solidaire par répartition.

Malgré l’ampleur de cette mobilisation, nous savons tous que cette seule journée ne suffira pas à mettre en échec le projet de loi Woerth. De façon entièrement prévisible, Sarkozy a lâché ce qu’il avait déjà annoncé qu’il lâcherait. Il faudra avoir perdu un doigt et une phalange au lieu de deux doigts pour pouvoir prétendre continuer à partir à 60 ans au nom de la « pénibilité ».

L’issue de la discussion parlementaire est tout aussi connue. Les jeux de postures, plus ou moins radicales des députés d’opposition, sur fond de consensus UMP-PS sur l’allongement de la durée de cotisation et les allègements de cotisations sociales patronales, n’y changeront rien. Le 15 septembre, l’Assemblée nationale votera le projet de loi Woerth. A partir du 23 septembre, le jeu reprend au Sénat.

Je suis préoccupé quand je vois que mon organisation syndicale, dans un cadre unitaire, a décidé d’aligner la suite du calendrier d’action sur ces dates. On ne convaincra pas les députés dans leur circonscription d’ici là comme le suggère la déclaration intersyndicale du 8. Mais, on va donner une importance symbolique, alimentant la résignation dans laquelle le pouvoir veut plonger les salariés, au vote défavorable d’avance de l’Assemblée. Comme en 2003, la stratégie des « journées espacées » risque aussi de conduire à l’essoufflement de la mobilisation.

J’ai entendu que certains dirigeants syndicaux envisageaient une prochaine manifestation un dimanche, sans grève. Comme ci la bataille des retraites ne concernait pas le patronat et était une question de société, « citoyenne » ! C’est au contraire, précisément dans les entreprises, face au Medef, que la bataille va se jouer.

En 2007, le 18 octobre, la mobilisation avait été également exceptionnelle dans nos entreprises (SNCF, RATP, EDF-GDF...) contre les projets de décrets Bertrand, jusqu’à 75% de grévistes. Puis les directions syndicales ont attendu 3 semaines qui ont déjà fait un peu retomber l’élan du 18. Un préavis de grève est finalement déposé, par nos syndicats dans nos entreprises, pour le 14 novembre. La veille, le 13, la direction confédérale de la CGT, par la voix de Bernard Thibault, accepte et même revendique des négociations « tripartites » avec l’Etat d’un côté mais entreprise par entreprise avec les directions, ce qui revenait à entériner les décrets et à en aménager l’application. Malgré cela, la mobilisation a été forte dans les dépôts et bien accueillie, quoique l’on ait dit, dans la population.

L’ouverture des négociations tripartites, 9 jours plus tard, a désamorcé ce mouvement qui pouvait gagner. Au final, nous avons pris en plein toutes les dispositions des décrets : passage de 37,5 annuités à 40 puis 41, indexation des pensions sur les prix, instauration de la décote, fin des années de bonification prenant en compte la pénibilité pour les nouveaux embauchés. Les compensations obtenues dans les négociations ont été globalement insignifiantes à la RATP, peut-être moins à la SNCF  Un obstacle à la nouvelle attaque contre l’ensemble des régimes est tombé comme à la privatisation.

Le souvenir de cette lutte avortée pèse toujours fortement chez les salariés de nos entreprises qui ont joué un rôle déterminant dans la victoire de 1995 et dans la bataille de 2003.

Aujourd’hui, tenons compte de ces expériences ! Appuyons-nous sur celle du CPE qui a montré que le rassemblement pouvait mettre en échec un projet de loi même quand il est déjà voté ! Brisons le consensus des partis politiques de l’alternance sur le fond de la question des retraites ! Ne laissons pas la préparation politicienne, même « unitaire », des élections de 2012 nuire au rassemblement des salariés! Je ne comprends pas les polémiques sur l’objectif immédiat : ceux qui s’opposent au projet Woerth ne peuvent que demander son retrait en préalable à toute consolidation de notre système de retraite.

Les forces existent pour le gagner. Le 7 en a fait la démonstration.

Voilà mon état d’esprit, celui que mes camarades et moi-même, essayons de faire partager dans nos dépôts.

 

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C
<br /> <br /> Merci Stéphane pour ce point de vue, on ne peut plus véritable! la lutte continue envers les réformistes et mutants! Faire vivre et renforcer le Pcf est une exigence absolue! Salutations<br /> fraternelles.Jean-Louis<br /> <br /> <br /> <br />
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